La signature de Maker Faire “Rêver, faire, partager” renferme toutes les valeurs défendues et mises en pratique par les artisans et les inventeurs qui la composent, connus sous le terme générique de “Makers”. Portés par l’envie profonde de changer le fonctionnement actuel de la société, les makers (ré)inventent de nouveaux systèmes low-tech ou high-tech. Grâce à la mise en place de dispositifs open-source créatifs et ingénieux, ils détournent aussi bien les usages des technologies que des objets, dans le but de lutter contre la surconsommation. Ils sont animés par une motivation commune, participer à la fabrication d’un monde plus humain et plus respectueux de la planète !
De rencontre en rencontre, toutes plus inventives et épatantes les unes que les autres, ma fascination pour l’univers des makers ne se tarit pas. Jean-Baptiste Frayssé, le dernier en date, fait partie de ces fab-uleuses découvertes. Installé à Paris, ancien formateur au Techshop d’Ivry-sur-Seine et aujourd’hui président du Relais des Makers, le prochain fablab d’Ivry-sur-Seine, ce jeune maker et entrepreneur de 31 ans est aussi à l’origine d’une belle initiative verte : le projet MEOS, une mini-éolienne open-source DIY, installable partout et facilement !
“En 2014, j’étais étudiant à l’Ecole Nationale Supérieure Des Arts Et Métiers de Lille et mon projet de fin d’étude portait sur le pilotage des alternateurs pour produire de l’énergie de manière active. L’éolienne est un dispositif complémentaire qui peut s’avérer intéressant, notamment l’hiver où le soleil manque. Grâce aux imprimantes 3D ou les machines à commandes numériques, il était tout à fait imaginable de réaliser une petite éolienne DIY à moindre coût, où chaque pièce peut être remplaçable en cas de panne. Pour concevoir l’éolienne, je me suis inspiré de mon oncle agriculteur qui est capable de réparer tous les outils de sa ferme ! Il faut permettre aux gens de choisir LE FAIRE et de se réapproprier leurs outils.” m’explique Jean-Baptiste.
Halte à l’obsolescence programmée et aux objets cassés ! On peut tout réparer ! Pour moins de 300 €, la fabrication d’une éolienne de 3 mètres devient possible grâce aux plans conçus par Jean-Baptiste. Il propose un kit + les supports pour monter vous-même votre propre éolienne ! Pour le système de stockage, quoi de plus brillant que de recycler les batteries de trottinettes électriques ? Il a ainsi monté sa société, Blocktricity, pour concevoir des batteries dans un principe vertueux d’économie circulaire.
Jean-Baptiste me précise : “MEOS est un système hydride peu cher, efficace et issu de l’intelligence collective. C’est grâce à la communauté que nous avons pu développer ce projet et aujourd’hui, nous pouvons assurer la maintenance et améliorer l’autonomie des propriétaires. Sur le long terme, nous souhaitons développer les éoliennes avec des moteurs de scooters électriques. Ce système pourrait compléter le photovoltaïque. Démocratiser le système MEOS permet de mettre en place, petit à petit, un cercle vertueux de l’énergie ! Facile à installer, ces éoliennes DIY s’intègrent et fournissent une alternative aux grandes éoliennes. On peut les installer partout, afin d’optimiser les parcelles de bocages comme en bord de route.”
Parmi ce système étudié de façon collaborative, son anémomètre, l’instrument de mesure qui vérifie la vitesse du vent, est aussi open-source. Jean-Baptiste souhaite à terme aller plus loin et mettre en place un réseau de station météo citoyen, afin de favoriser et rendre plus fiables les données météorologiques !
Je vous invite à venir le rencontrer dès la rentrée prochaine en septembre, au fablab le relais des makers pour découvrir la transformation et le recyclage des mobilités !
Son Mantra : “Oublie que t’as aucune chance, vas-y, fonce ! On n’sait jamais…. Sur un malentendu, ça peut marcher.”
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
Qui a dit que les fablabs étaient immobiles ? Imaginé par Jean-Paul Boiselet et Laurence Hatrait, Repar’tout & Cie est un joyeux fablab ambulant qui propose des ateliers ludiques valorisant la récup’ et l’économie circulaire. Munis de tous les outils indispensables aux diagnostics et aux réparations, notre duo de Mac Gyver sillonne l’Île-de-France pour transmettre leurs savoir-faire et partager leur joyeuse contribution à préserver notre jolie planète !
Qui mieux que Jean-Paul pour brosser leur initiative en quelques lignes : “Repar’tout & Cie est né en 2018. Électronicien et informaticien, j’avais commencé par créer ma propre entité avec le LAB-Transition et à cette époque, j’aimais participer à des Repair Cafés dans le Sud Yvelines. De véritables engouements se développent lors de ces ateliers, les seniors tout comme les juniors viennent pour se rencontrer et réparer ensemble des objets utilisés au quotidien. Sur ce genre d’événements, d’incroyables alchimies se créent. D’un côté, les anciens, bien souvent des bricoleurs-bidouilleurs avérés, adorent pouvoir transmettre leur savoir. De l’autre, de nombreux novices curieux d’apprendre sont ravis d’acquérir de nouvelles compétences manuelles. Le public est heureux d’avoir participé à la réparation et le plus souvent de pouvoir repartir avec un objet ou un vêtement fonctionnel. Laurence, qui était en pleine reconversion professionnelle après avoir exercé longtemps en tant que styliste, participait, elle aussi à ces Repair Cafés en tant que couturière. En même temps nous faisions aussi partie du comité de pilotage pour la création d’une ressourcerie. Tous les deux nous étions animés par deux passions communes : la transmission de compétences et les enjeux environnementaux. Donc au fur et à mesure, nos savoir-faire complémentaires tout comme nos caractères nous ont instinctivement amenés à créer notre propre projet.”
Répar’tout & Cie tient bien sa promesse ! Car on répare presque TOUT et on va même au-delà car on invente et on fabrique tout ! Grâce à leur concept issu des Repair Cafés avec quelques notes pédagogiques axées sur le développement durable, les ateliers de Laurence et de Jean-Paul proposent des solutions concrètes pour sensibiliser le plus grand nombre à la réparation et pour agir au quotidien ! En moins de 3 ans, ils connaissent déjà un véritable succès !
De l’atelier de réparation à l’atelier de fabrication, leur spécialité est le zéro déchet et la récup’ !
Laurence me précise : “Nous tentons de réparer tout ce que nous avons dans les mains : objets, vêtements, électronique, jouets, outils de jardin, petit mobilier, maroquinerie, bijouterie… Nous évoluons dans un processus complet d’économie circulaire. Au départ, nous ne proposions que des ateliers de réparation. L’un de nos premiers clients, le comité d’entreprise d’Air France Industrie, nous a permis assez rapidement de mettre en place une activité régulière. Nous intervenons d’ailleurs toujours mensuellement sur deux sites à Orly et les salariés ont pris l’habitude de venir réparer avec nous tous leurs objets. Un mini Fab Lab a même été créé sur place pour que les agents puissent continuer à réparer ensemble quand nous ne sommes pas là ! Puis, ce sont les territoires comme les mairies, le REFER (Réseau Francilien des Acteurs du Réemploi) ou les bailleurs sociaux qui nous ont sollicités au fur et à mesure pour aller à la rencontre des habitants. Pour répondre à cette demande, nous avons conçu des ateliers de fabrication d’objets à partir de matériaux simples ou de récupération. Nous intervenons désormais en pied d’immeubles, au plus près des citoyens, aussi bien pour sensibiliser que pour déclencher des sourires et des interactions entre les générations. De l’atelier de réparation de vélos à la création en tout genre, nous fabriquons à partir de matériaux de récupération avec le public, des hôtels à insectes, des nichoirs pour oiseaux, des produits ménagers, des petits objets textiles ou encore des bacs à compost… Bref des objets utiles pour notre environnement ! Notre volonté est de rendre les gens plus autonomes et de leur faire prendre conscience de consommer moins mais mieux !”
Jean-Paul ajoute avec enthousiasme : “Nous apprenons en même temps aux enfants comme aux adultes à utiliser les d’outils manuels et durables d’antan, tels que le vilebrequin et la chignole. Nous les poussons dans leur retranchement. Nous créons de véritables moments magiques, car chacun essaie, tout le monde aide et tous apprennent. On fabrique tous ensemble, puis chacun repart, émerveillé de se sentir capable de fabriquer et de réussir !”
Bref, comme vous l’aurez compris, Répar’tout & Cie fabrique du bonheur et ses petites graines gagnent du terrain ! Au plus proche des collectivités locales, Jean-Paul et Laurence interviennent aussi au sein d’EHPAD auprès des plus isolés.
Véritables experts d’ateliers grand public et comme B2B afin de développer les dynamiques et initiatives vertes au sein des territoires, ils apportent également leur expertise de conseil pour la mise en place de Repair Cafés auprès de communes ou de structures locales, en partenariat notamment avec le Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse.
Laurence m’explique : “Notre force est d’être un véritable fablab itinérant. Nous créons des lieux éphémères de convivialité tout en apportant un état d’esprit de partage. Notre objectif aujourd’hui est de réussir à démultiplier nos animations dans de nouveaux départements. Aujourd’hui nous recherchons à étoffer l’équipe avec de nouveaux réparateurs.trices pour pouvoir essaimer nos ateliers. Donc si il y a des Géo-trouve-tout intéressés par notre projet, qu’ils n’hésitent pas à venir nous rencontrer pour échanger ! ”
Alors, pas une seconde à attendre, contactez-les rapidement si vous voulez aussi faire partie du monde de demain, un monde plus collaboratif et solidaire, plus humain et surtout plus joyeux !
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
L’été est arrivé, et avec lui le plein de temps libre et d’occasions de réaliser les projets makers entre proches. Pour certaines familles, faire ensemble est une évidence. Nous sommes partis à la rencontre de deux familles de makers que vous avez sans doute déjà croisées sur les Maker Faire : la famille Sarrey, à qui on doit par exemple le célèbre projet Bot2Karot et le plus récent Poolabot, et la famille Faucher, et sa machine à rendre les gens heureux.
Comment se passe le faire en famille ? Quels projets fous sont sortis de la collaboration entre parents et enfants ? Partons à la découverte de ces familles de makers qui mettent le sourire aux lèvres !
Pour les deux papas makers, même constat : faire en famille, c’est avant tout pour le plaisir. Ici, pas d’objectif de finaliser un projet de bout en bout pour le commercialiser, le but est avant de passer un bon moment ensemble, d’expérimenter et de s’amuser.
Les projets naissent d’ailleurs des envies du moment et des discussions spontanées qui émaillent le quotidien. Pour FX, Abla et leurs deux enfants Victor et Inès, “ce qui est agréable, c’est de trouver des projets communs pendant les vacances. A la montagne ensemble, on papote pendant les randos, ça commence par des délires et progressivement ça prend forme.”
De retour à Paris, l’appartement se transforme en atelier de fabrication temporaire. On pousse les meubles, on libère la table du salon pour faire ensemble. FX et sa fille Inès, 11 ans et passionnée par les histoires, dessinent par exemple à quatre mains sur d’immenses feuilles cartonnées récupérées par hasard. Ce dessin collaboratif de cabane dans les arbres est devenu au fil du temps un monde imaginaire qui ne cesse de se développer.
Dans la famille Sarrey, l’esprit maker plane également dans la famille depuis plusieurs générations. Michaël, le père, a grandi auprès d’une maman bricoleuse, et pendant ses études d’ingénieurs, il s’amusait déjà à créer des robots farfelus avec sa bande de copains makers, toujours active. Au fil des années, Michaël équipe son atelier à la maison d’outils et de machines “à faire pâlir un fablab”. Point central de la maison, les enfants y sont accueillis avec plaisir depuis qu’ils sont petits, et apprennent jeunes à manipuler marteaux et tournevis. “Je n’aime pas trop le principe de précaution. On essaye et on verra après”. Vous pourrez d’ailleurs découvrir cet atelier familial à l’occasion de la Maker Faire Digitale de novembre.
L’arrivée d’une fraiseuse à commande numérique en 2013 alors que les enfants ont à peine une dizaine d’années, est l’occasion d’un projet en famille : le FillOZof, un panier à oeuf mécanique qui distribue les œufs frais par ordre de ponte.
Faire ensemble est aussi une bonne façon de révéler les goûts et les talents de chacun. Fanette a par exemple créé un robot qui fait des pancakes, le FanCake, qui lui a permis de faire se rencontrer son amour pour le vivant, la cuisine et la robotique. Eliott est lui un passionné de code informatique et de conception 3D. A 14 ans, parce que “rien ne l’empêche de participer”, il décide de participer pour s’amuser au grand concours international Google Science Fair, qui met en compétition 8000 projets d’enfants du monde entier. Il crée le robot jardinier Bot2Karot s’envole pour Mountain View pour la grande finale chez Google, et gagne la compétition ! Une aventure familiale incroyable qui reste un excellent souvenir.
Parmi ses nombreuses passions, Victor est passionné par les systèmes autonomes. Il se tourne par exemple vers l’aquaponie et a conçu trois systèmes combinant aquarium à poissons, pompe et plantes, en fonctionnement dans l’appartement familial.
Découvrez plus de projets familiaux dans cet interview avec FX :
Pour les deux familles, l’éducation est une priorité, et apprendre par le faire est un excellent moyen d’expérimenter et comprendre son environnement pour donner vie à ses envies. FX documente ses projets sur son site internet Toysfab pour inspirer d’autres familles à se lancer dans des projets makers. Et comme le dit Michaël, “ce que j’aime c’est partir d’une idée et la réaliser, la voir fonctionner.”
rédigé par Mathilde Berchon
Associer le design à l’artisanat et le rendre accessible à tous, c’est le beau projet du collectif candiD! Ce collectif d’open design initié par deux jeunes femmes pétillantes a pour objectif d’inciter les petits comme les grands à devenir artistes ou concepteur de design de façon ludique et en s’amusant ! Elles s’appellent Cécile Laporte et Irina Pentecouteau, elles sont les toutes deux toulousaines d’adoption et leur kiff: c’est de partager des techniques de design ou d’artisanat au plus grand nombre ! Artistes et designer plasticiennes, elles se sont spécialisées dans la création d’objets de design et d’aménagement d’espace en utilisant la pédagogie pour transmettre aussi bien leur savoir-faire que leurs outils !
Avec le collectif CandiD, on conçoit des projets créatifs, positifs et durables !
“En 2014, lors de notre 5ème année aux Beaux-Arts, nous voulions voyager et en profiter pour explorer des méthodes de tissages traditionnelles et par la même occasion découvrir les conditions de vie des artisans sur place. Ainsi, nous sommes parties 4 mois en Amérique du Sud pour monter cette étude. Pour préparer ce voyage, nous avions conçu et fabriqué un métier à tisser de voyage grâce aux machines numériques – découpe laser – pour le réaliser en kit et transportable, afin de pouvoir apprendre sur place avec nos propres outils !” me raconte Irina.
Dès leur retour, avec une multitude d’idées en tête et maintenant de nouveaux savoir-faire en poche, les deux maker-baroudeuses ont de suite mis en application leur apprentissage d’artisanat sud-américain pour concevoir et fabriquer des tabourets tissés, nommés ‘tabourets maillestool’ qu’elles proposent sur leur boutique en ligne.
Mais avec une envie insatiable de partager leur passion du design, Cécile et Irina souhaitent aller plus loin…
Le design, c’est chouette, à condition qu’il soit partagé avec tout le monde !
Nos 2 créatrices ont bien plus qu’un rôle de designer, elles cumulent tous les talents et sont de véritables médiatrices pédagogiques. Non seulement elles conçoivent, mais en plus elles transmettent leur savoir-faire ! Elles ont alors développé des versions “Do It Yourself” des objets qu’elles fabriquent. Sous la forme de stages, ou d’ateliers, elles enseignent des techniques spécifiques, comme les techniques de tissage avec une approche personnelle simplifiée, accessible à tous ! Cette initiative a séduit de nombreuses collectivités, des écoles, des associations. Elles proposent de nombreux ateliers pédagogiques d’objets design variés, comme la fabrication de lanternes magiques pour projeter des histoires, de mobilier à partir de bois de récupération ou encore d’herbiers d’artistes.
Une démarche créative grâce aux savoir-faire d’experts, l’art et la culture !
“Lors de nos interventions, notre force est de sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge, à l’art et au design pour enrichir les cours d’art plastique. Ces ateliers sont avant tout participatifs et collaboratifs. Ils ont l’avantage de rendre d’une part, les enfants heureux, puisqu’ils réalisent par eux-même. Nous leur transmettons des techniques simples et accessibles, comme la fabrication d’une lanterne magique réalisée avec du papier et du carton. D’autre part, ces ateliers permettent aussi de développer la sensibilité artistique des plus petits comme des plus grands. Ce que nous cherchons en priorité, c’est de transmettre nos savoir-faire, d’être en contact avec les gens et de réaliser ensemble. Notre public ou nos apprentis deviennent les acteurs et les artistes de leur création !” m’explique Cécile.
Comme vous l’aurez compris, le collectif Candid aime développer la magie et la satisfaction du DIY de manière ingénieuse. Cécile et Irina interviennent aussi bien pour des collectivités, qu’en zone rurale ou isolée, ou auprès d’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) pour créer des oeuvres collaboratives et participatives.
Des projets d’upcycling et économie circulaire
Mais cela n’aurait pas eu tout son sens, si la dimension durable n’était pas présente ! Les deux artistes, designer et trentenaires, font évidemment partie de la génération engagée ! La dimension durable fait partie intégrante de leur projet, c’est une motivation supplémentaire pour booster leur créativité, elles veulent en découdre avec la standardisation et l’obsolescence programmée.
‘’Nous produisons des systèmes adaptables, réparables et transformables, contre la standardisation et l’obsolescence programmée. Notre engagement en faveur d’une relocalisation de la production des objets du quotidien nous mène également à travailler avec des entreprises de la région Toulousaine pour nos productions en série. De même pour nos ateliers, nous concevons nos projets pédagogiques autour de la revalorisation d’objets et du recyclage. “ me précise joyeusement Irina.
Entre le design et les travaux manuels, vous retrouverez leurs créations positives jusque dans les tutos du programme ‘Du côté de chez vous’ de Leroy Merlin ! Elles présentent ici comment isoler et insonoriser une pièce à partir de papier journal et de boîtes d’œufs transformées en briques décoratives.
Le collectif CandiD, une plongée dans l’univers des makers depuis 2014 !
Les deux brillantes créatrices ont participé à quelques Maker Faire européennes, dont Paris et Rome. A Bilbao, elles ont participé à un projet de résidence en Espagne, à l’Espacio Open, une ancienne usine et biscuiterie, transformée en makerspace, pour designer des objets d’aménagement ! – petit clin d’oeil à Karim Asry, son directeur et producteur de l’incroyable Maker Faire Bilbao ! Bien le bonjour l’ami ! 🙂
Le mantra de Cécile et de Irina : Motiver le ‘FAIRE ENSEMBLE’ pour faciliter le vivre ensemble !
Découvrez les réalisations, les ateliers et la boutique en ligne de Cécile et d’Irina sur leur site internet.
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
Les low tech, on en parle beaucoup mais rares sont ceux qui concrètement ont sauté le pas et les utilisent au quotidien. A Concarneau en Bretagne, l’équipe d’irréductibles défenseurs des low tech de l’association Low Tech Lab, fait avancer le mouvement d’années en années, en documentant, diffusant et expérimentant.
Début 2019, deux membres de l’association, Clément Chabot et Pierre-Alain Lévêque, décident de construire une petite maison low tech et d’y vivre pendant un an, pour tester en situation réelle l’utilisation des low tech dans l’habitat.
L’idée ? Tester la validité des solutions low tech, parfois décriées comme trop “fantaisistes”, et analyser leur impact dans l’habitat. Cette expérimentation a depuis fait boule de neige pour donner naissance à des projets d’intégration des low tech dans l’habitat en dur.
La petite maison est équipée de 12 low tech, qui répondent à la définition suivante : “des techniques et un art de vivre qui s’appuient sur des systèmes utiles, accessibles et durables”. « Utiles », parce qu’elles répondent aux besoins essentiels, « accessibles » parce qu’elles sont faites de matériaux locaux et robustes, « durables » parce qu’elles évoluent dans le temps et sont compatibles avec une utilisation au long terme sur la planète.
Faisons un petit tour du propriétaire. Côté chauffage, le capteur à air chaud permet de réchauffer l’air qui entre dans la maison, le poêle de masse permet d’accumuler la chaleur sans avoir besoin de radiateurs et le chauffe-eau solaire permet de chauffer l’eau grâce au soleil.
Dans la cuisine, le garde-manger remplace le frigo, la marmite norvégienne réduit les temps de cuisson, le bokashi permet de composter les aliments très rapidement et le filtre à eau permet de boire l’eau de pluie.
Dans la salle de bain, les toilettes sèches permettent de remplacer l’eau par de la sciure de bois et de générer du compost, la douche à recyclage permet de réutiliser l’eau en circuit fermé.
La gestion de l’eau de la maison se fait grâce à un récupérateur d’eau, qui permet de collecter la pluie pour une utilisation dans la cuisine ou la salle de bain. La phytoépuration permet ensuite d’assainir les eaux usées grâce à des plantes filtrantes à l’extérieur de la maison.
Côté électricité, les panneaux photovoltaïques transforment les rayons du soleil en énergie électrique, pour les ampoules, ordinateurs et téléphones des habitants.
Lorsqu’on interroge Clément sur sa vie dans la petite maison low tech, il évoque le plaisir d’y vivre au quotidien, et également le changement de posture positif qui en découle. A l’issue de l’expérimentation, il a d’ailleurs prolongé son séjour pendant plusieurs mois. Un signe de plus que les low tech dans l’habitat fonctionnent.
Souvent présentées d’abord sous l’angle de la technique ou de l’invention Do It Yourself ingénieuse, les low tech sont en fait avant tout une démarche. Une bascule de mode vie s’opère, puisque l’habitat low tech fait vivre au rythme des saisons. Lorsqu’il pleut davantage, le récupérateur d’eau fait le plein. Lorsqu’il fait beau, les panneaux photovoltaïques se rechargent. Au-delà de l’invention, les low tech entraînent spontanément un mode de vie plus doux, et une attention nouvelle portée à la nature chaque jour. Ceux qui prennent soin de leur jardin le savent, c’est une façon idéale d’être présent et apaisé.
La connaissance des low tech et surtout l’envie de les adopter augmentent d’années en années en France. Le mot est de plus en plus connu, et l’intérêt est bien présent.
Les ateliers participatifs et chantiers se multiplient pour apprendre à fabriquer par exemple son propre chauffe-eau solaire ou son poêle de masse. L’adoption des low tech s’intègre souvent dans une recherche plus globale d’autonomie et d’écologie.
En Normandie par exemple, Neoloco est le premier artisan-boulanger à faire cuire son pain grâce à un concentrateur solaire. Dans les Pays de la Loire, Apala et Enerlog mènent des actions de sensibilisation pour un mode de vie soutenable. En Bretagne, deux chantiers de grande ampleur débutent dans les prochains mois, pour transformer des bâtiments d’entreprise et un lycée professionnel.
Pour mener à bien ce type de projet, les low tech sont pensées au sein du cycle de vie complet du bâtiment. Une étude préalable est indispensable pour analyser les points faibles de l’habitat et anticiper les effets rebond. La mise en place des low tech appuient sur ces points faibles, pour créer un véritable impact, et éviter le risque de “low tech washing”. La fin de vie des équipements est aussi prévue dès le début du chantier.
Les initiatives locales se multiplient, soutenues par les acteurs historiques du secteur. A Grenoble, Boulogne-Billancourt, Marseille, Rennes ou Tours, ateliers et expérimentations prennent place, menés par des citoyens makers et engagés.
Et vous, quelle low tech allez-vous tester à la maison ?
Pour aller plus loin :
rédigé par Mathilde Berchon
La Fête des Voisins, un événement que tout le monde connaît, apprécié de tous !! – Tout dépend du voisinage, me diriez-vous… Saviez-vous qu’à l’origine cette belle idée, avait été amorcée par un philanthrope, Atanase Périfan. Son initiative, citoyenne et positive, avait pour but de ressouder les liens entre les personnes d’un même palier, d’un immeuble, d’un quartier, mais aussi de susciter entre elles de nouvelles interactions.
Après 21 ans d’existence, plus de 10 millions de Français ont déjà participé à cette action avec 1500 mairies partenaires! Ce que vous ignorez peut-être, c’est que depuis 2014, la Fête des Voisins a essaimé, en réunissant plusieurs dizaines de millions de participants dans environ 50 pays !! Voici une nouvelle démonstration par l’exemple ! Les projets ayant pour vocation de rassembler les gens, ça fonctionne ! La nouvelle édition qui devait se dérouler le 28 mai a été reportée en septembre. Bonne nouvelle ! Vous pourrez à nouveau trinquer avec vos voisins préférés!
Portrait en esquisse de Atanase Périfan
Le créateur de la Fête des voisins possède une large palette de compétences. Pluridisciplinaire, il est tout à la fois. Fondateur de l’association Voisins Solidaires, Président de la Fédération Européenne des Solidarités de Proximité, conseiller municipal et maire adjoint du 17ème arrondissement de Paris. Entre la politique et ses actions citoyennes, il déploie son fil rouge autour de projets solidaires et environnementaux.
L’association Voisins Solidaires : renforcer la cohésion sociale !
‘’ Nous sommes convaincus que pour renforcer la cohésion sociale, la solidarité doit reposer sur 3 piliers complémentaires : la solidarité naturelle, la famille, la solidarité institutionnelle ou organisée comme les mairies – CCAS, les départements, les associations… Ou encore la solidarité de proximité, informelle et spontanée : le voisinage. L’intérêt des institutions est de stimuler et d’accompagner cet élan de générosité spontanée.’’ m’explique Atanase.
L’association Voisins Solidaires a pour mission de recréer du lien social, de renforcer les échanges de proximité et les actions de solidarité, en favorisant les rencontres et le partage autour de moments festifs et conviviaux.
Selon Atanase, le constat est éloquent : “Les Français désenchantés ont le moral en berne depuis cette deuxième vague. Le modèle social est fragilisé par les contraintes financières et le vieillissement de la population. S’ajoute à cela une crise du bénévolat associatif et une difficulté à mobiliser nos administrés. Le lien social sort affaibli du reconfinement. Et pourtant, il existe des gisements de générosité chez les habitants. La crise sanitaire nous l’a rappelé en mars 2020 ! Nous souhaitons, avec plusieurs élus locaux de toutes sensibilités, réactiver et prolonger ce formidable élan de générosité spontanée dont les Français ont fait preuve l’année dernière. L’objectif est de créer ensemble un dispositif puissant de mobilisation et d’engager les gens dans des actions collectives ! Alors, que peut-on faire ensemble ? Comment recréer du lien entre les gens ? Ou encore comment donner envie de partager un projet partagé avec générosité ? Ces réflexions portent d’autant plus de sens aujourd’hui, dans une France en souffrance relationnelle. ”
Le Programme Voisins Solidaires, un appel à la mobilisation citoyenne !
Porté par l’association, c’est un véritable appel à la mobilisation générale que lance Atanasé. Le programme “Voisins Solidaires”, présenté aux pouvoirs publics et proposé au public, est un véritable dispositif de lutte contre la morosité ambiante, l’illustration concrète d’une démocratie participative.
Soutenu par AG2R la Mondiale, Voisins Solidaires propose des outils simples, comme des kits constitués de guides pratiques, d’affiches et de tracts, pour aider les citoyens à sensibiliser leurs voisins et favoriser l’entraide entre générations dans la convivialité !
Génération Voisins : Ce dispositif souhaite encourager des gestes d’entraide entre voisins de toutes générations : faire les courses ou chercher les médicaments, nourrir le chat du voisin, accompagner la personne pour ses déplacements, etc. Bref, Voisins solidaires veille à créer et à entretenir le lien social. Pour participer rien de plus facile ! Il suffit de télécharger le kit « Génération voisins » et de se signaler autour de vous.
L’Heure Civique propose à chaque habitant de donner une heure par mois pour une action de solidarité de proximité. Deux façons d’agir, soit de manière organisée en soutien aux besoins des associations locales, soit de manière informelle vis-à-vis de son voisinage.
Le « Kit Coronavirus : et si on s’organisait entre voisins » qui connaît déjà plus d’1 million de téléchargements ! Soutenu par le ministère de Cohésion des territoires, ce kit a pour objectif d’aider les habitants à organiser l’entraide grâce à la diffusion d’affiches, de tracts, d’annuaires des voisins ou encore de panneaux des voisins afin d’informer et d’apporter les bons conseils face au coronavirus. L’objectif : Mobiliser les Voisins et faciliter l’organisation de la vaccination en 3 étapes. Sensibiliser : le voisin peut rappeler la nécessité de se faire vacciner et rassurer, il est un tiers de confiance. Expliquer : le processus à suivre pour la vaccination peut paraître complexe. Le voisin peut expliquer et aider son voisin âgé à faire les démarches. Accompagner : le voisin peut accompagner la personne âgée au centre de vaccination et lui faire penser également au rappel à faire trois semaines plus tard. Des actions simples à réaliser et essentielles qui permettent la réussite du plan de vaccination !
“En mutualisant les moyens et en partageant les bonnes pratiques, nous souhaitons créer une dynamique nationale et faciliter la mobilisation locale, à l’instar de la Fête des Voisins. Plus nous serons nombreux, plus la dynamique sera forte. Il y a 5 mois, Geoffroy Boulard, Maire du 17ème arrondissement de Paris, a lancé L’heure Civique 17, plus de 1.000 personnes se sont déjà inscrites.” me précise Atanase.
Le lien social favorisé par cette initiative annuelle devrait se prolonger tout au long de l’année. Une bonne action, ce n’est Pas un « One Shot », ou juste une date anniversaire. Être attentif aux autres, c’est aussi un état d’esprit.
Retrouvez toutes les infos de voisins solidaires sur leur site web et découvrez le livre ‘Pas de quartier pour l’indifférence’ de Atanase Périfan 🙂
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
Rêver, inventer, créer, bidouiller et fabriquer sont les grandes passions de nos inventeurs créatifs, mais l’univers des makers n’a de sens que si l’on partage ces découvertes. Et c’est ce qui fait sa force. Christophe Longue est un grand passionné de technologies DIY et de science fiction. L’esprit maker, c’est dans son ADN ! Depuis tout petit, il s’amuse en bidouillant et en reproduisant en grandeur nature des personnages robotiques célèbres, comme celui que nous connaissons tous : R2D2. La fabrication numérique, la robotique, les systèmes Arduino comme les circuits imprimés n’ont plus aucun secret pour ce padawan devenu un véritable Jedi de l’électronique !
“Les robots c’est comme des amis, mais c’est nous qui leur donnons vie. On met une part de soi dans nos créations.” me précise Christophe.
Une chaîne Youtube : NeoprodFX pour tout partager
Voilà maintenant huit ans que Christophe se spécialise dans la création et l’impression 3D. Chacune de ses réalisations, il les partage sur sa chaîne YouTube NeoprodFX. Un passe-temps qui s’est vite transformé en projet de vie, pour le Creusois de 34 ans. Apprenant qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau en 2018, Christophe est amené à changer de mode de vie et à prendre une autre direction professionnelle.. Il se consacre entièrement à la production de vidéos et prodigue ses meilleurs conseils aux utilisateurs d’imprimantes 3D.
“ Je me bats maintenant contre la maladie et pour redessiner ma propre vie. Je souhaite être reconnu comme une personne normale et non handicapée. Partager des vidéos techniques sur l’impression 3D était un hobby et maintenant une activité que je peux réaliser depuis chez moi. Je me suis équipé aujourd’hui en matériel vidéo pour créer mon propre métier. Outre le fait de développer la curiosité des gens à travers la fabrication de robots, j’aime tester les machines, identifier leurs technicités , afin de livrer des retours exhaustifs en vidéo sur leurs utilisations. “
Aujourd’hui, la chaîne NeoprodFX compte plus de 8 000 abonnés. Le Jedi autodidacte, équipé d’une dizaine d’imprimantes 3D et jouant à domicile, se spécialise à travers ses vidéos qu’il produit seul, sur toutes les facettes et les capacités techniques des machines ! – Les constructeurs n’ont plus qu’à bien se tenir avant de passer devant l’objectif de Christophe !
“ J’aime tester et montrer les limites des machines. Je réalise mes vidéos en deux temps. Une première présente un cours complet d’installation et d’utilisation de 40 minutes. La seconde, je la réalise quelques semaines plus tard, après avoir imprimé différents objets comme des droïdes. Je fais tourner les imprimantes 3D de 50 à 60 heures par fichiers, ce qui me permet de faire un retour d’expérience fiable et de présenter l’ensemble des réglages et des technicités. Avec ces deux vidéos, les internautes peuvent vite identifier tout ce qu’ils peuvent produire ou non avec un type d’imprimante particulier. “
Grâce au succès de ses vidéos, Christophe devient progressivement un technicien référent pour les constructeurs qui n’hésitent pas à lui envoyer de nouvelles machines à tester.
“ Au-delà de tester des marques, il m’arrive parfois d’aider les fabricants à améliorer leurs produits ou même d’intervenir en SAV! Et maintenant je reçois une nouvelle machine toutes les deux semaines ! “
Pour partager et échanger avec sa communauté, Christophe utilise la plateforme Discord. Il y a constitué un groupe d’entraide où chacun peut échanger sur des idées, des prototypes particuliers.
En réinventant son métier de Youtuber – spécialiste technique de l’impression 3D, il souhaite poursuivre son parcours en racontant des histoires en vidéo et en faire une activité à temps complet ! Son rêve, représenter les marques sur les plus grands salons digitaux ! La force est avec toi, Christophe !
Son mantra : “ On fait ce que l’on peut, avec ce que l’on a, dans l’état où l’on est.”
Retrouvez ses différents comptes sur les réseaux sociaux : Youtube et Instagram
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
« Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est en imprimant qu’on devient impressionnant ! »
Ce sont les mots de Yann Marchal, le FABuleux fondateur du groupe Facebook Makers contre le Covid. D’une nature timide, ce maker ingénieux ne manque pas d’humour, encore moins d’humilité. Rappelons quelques chiffres, Makers contre le Covid a rassemblé plus de 15 000 makers pendant la crise pandémique! Ensemble, ils ont gratuitement distribué, au personnel soignant français comme à de nombreux citoyens, plus de 800 000 visières !
Makers contre le Covid : Mener une action solidaire puis la partager
Yann Marchal est un véritable porteur de projet bénévole. Il a à son actif un savoir-faire de dessinateur industriel, étalé sur 10 ans. Ancien membre du Vendôme atelier numérique en tant que référant 3D et fondateur de la Recyclerie Cycle² à Bessé-sur-Braye, l’imprimante 3D n’a plus de secret pour lui. ‘Je suis un self-made Man’ nous indique le papa tout juste devenu quadragénaire. 🙂 Non dépourvu de bon sens et encore moins de bienveillance, Yann compte parmi les acteurs pionniers de l’économie relocalisée ou de la fabrication distribuée (tout comme Visière Solidaire).
Inutile de rappeler la stupeur générale déclenchée le 16 mars 2020, par l’annonce du confinement. Alors que nous étions pour la plupart dans l’inconnu, impuissants et cloîtrés entre nos quatre murs, Yann Marchal était quant à lui déterminé à passer à l’action. Il a de suite lancé un appel sur les réseaux sociaux, a créé un groupe Facebook – Makers contre le COVID – dans l’espoir de rassembler toutes les personnes équipées d’imprimante 3D. Son objectif : FABriquer pour pallier le manque d’équipement de protection…
« Une amie polyhandicapée, craignant l’arrivée du virus, m’a appelé pour fabriquer quelque chose pour la protéger contre la propagation du virus. Grâce à mon imprimante 3D, je peux tout fabriquer ! Alors, nous avons commencé à cogiter à quoi faire et comment ? Notre première réflexion s’est avant tout portée sur un masque de protection. C’est à partir d’ici que m’est venue l’idée de fédérer des makers dans un groupe, afin de pouvoir aider le plus grand nombre et mettre en sécurité les gens. Ce groupe nous permettait également de coordonner les actions rapidement et localement. Je souhaitais rassembler des forces de conception et de production pour les mettre à disposition des gens qui en avaient besoin. Le 16 mars, j’ai lancé un appel sur Facebook pour appeler les Makers à s’unir autour d’une action collective pour lutter contre le virus. Et on s’est vite penché sur la faisabilité et la fabrication d’équipements de protection individuelle comme des masques, ou des visières, qu’on ne pouvait pas se procurer à l’époque ! En moins de 24 heures, c’est plus de 500 makers bénévoles à travers la France qui ont rejoint le groupe. » m’explique Yann. – L’enthousiasme a lui aussi le pouvoir de se propager ! Sus au virus !
En à peine quelques heures, après l’annonce du confinement, c’est un véritable réseau national qui s’est mis en place, regroupant de nombreuses initiatives réparties sur différentes plateformes, telle que Discord. Une communauté de Makers, de citoyens bénévoles, de fablabs, de PME, de laboratoires publics s’est vite constituée, rejointe par des Youtubers influents comme Monsieur Bidouille ! Chacun souhaitait agir bénévolement pour apporter son aide, son soutien et bien évidemment de la fabrication à gogo !
Bien plus qu’un dispositif de protection contre le virus…
« Nous avons créé une galaxie de Makers imminente avec l’arrivée de Monsieur Bidouille, du Réseau Français des Fablabs et de Fabricommun ! Nous avons démarré avec la fabrication de masques, puis de visières de façon autonome, il fallait faire face à la pénurie du moment. Combattre un virus, c’est bien… Apprendre à connaître ses ennemis, c’est mieux ! Nous avons ensuite mené rapidement, et dans l’urgence, de grandes réflexions pour pallier plus efficacement le manque d’équipements de protection dans les hôpitaux : visières de protection, connecteurs pour les dispositifs de ventilation, pousse-seringues, systèmes anti-contamination pour ouvrir les portes. Et puis, le fabricant d’imprimante 3D PRUSA sort un modèle open-source de visières (modèle RC2). Grâce à cette nouvelle initiative, chaque maker bénévole pouvait déployer sa production et fournir gratuitement ces dispositifs de protection aux soignants autour de chez eux.»
La force de la relocalisation de la production en réseaux distribués
« Lors de la crise sanitaire, la communauté des Makers a démontré qu’elle pouvait être le premier bureau du monde en R&D grâce à sa réactivité, sa souplesse et son inventivité. Nous sommes des millions dans le monde à réfléchir et à mettre en commun nos idées, aucune entreprise n’a cette force ! » explique Yann.
En quelques jours seulement, grâce à ce formidable élan de solidarité, des chaînes de production se sont mises en place, plus de 6000 personnes se sont mobilisées, dont leurs imprimantes 3D tournaient bien souvent 24/24 ! Pour faciliter la production localement, le groupe Makers contre Covid s’est organisé, structuré en petits groupes départementaux / régionaux. Chacun des acteurs bénévoles, équipé d’une imprimante 3D, produisait en masse, tel de véritables micro-usines citoyennes pour répondre aux demandes locales. Bien que rétissants au départ à l’échange monétaire, des cagnottes devenues nécessaires face à l’urgence se sont montées pour fournir les makers en filament. En quelques semaines, le groupe a atteint plus de 15 000 membres actifs répartis en France, en Belgique et en Suisse, déterminés à enrayer cette pandémie en fournissant plus de 800 000 visières !
« Nous avons créé des dispositifs de distanciation physique – les visières -, en combattant la distanciation sociale. Grâce aux distributions de visières, le personnel hospitalier n’allait plus travailler la peur au ventre. » souligne Yann.
Un groupe Facebook qui se décline en associations locales
Aujourd’hui, les groupes sont devenus indépendants et ont monté leur propre structure ou association, comme Maker 37, – Bravo les Touran(joies)– mais il y en a des centaines d’autres ! Au-delà de l’impression 3D, ces groupes rassemblent maintenant bien plus que des makers ou des fablabs. La mise en commun des idées et des compétences ont fédéré également de nombreuses compétences et savoir-faire : couturières, chercheurs, ingénieurs, laboratoires publics… « Nous mettons en place des actions puis nous les partageons auprès du plus grand nombre. Depuis ces dernières semaines, nous fabriquons des boîtes pour faciliter la distribution des vaccins. L’aventure n’est pas terminée ! » nous précise joyeusement Yann.
Une recyclerie comme projet
Sur une ancienne friche industrielle de deux hectares à Bessé-sur-Braye, où l’on peut venir acheter du matériel de seconde main, Yann apporte sa petite touche technologique en y développant un fablab et un créalab, accessible aux enfants à partir de 7 ans, pour que chacun puisse venir partager ses idées et laisser parler sa créativité.
Initialement ouverte à Montoire-sur-le-Loir, la recyclerie cherche aujourd’hui à s’implanter dans un tiers-lieu, la Manufacture de Territoire de Val de Braye. Leur priorité se porte sur l’environnement : Réduire les déchets à travers le réemploi, le l’upcycling de meuble, l’économie circulaire se déploie sous toutes ses formes ! Le plastique sera récupéré en local grâce à des collectes de bouteilles en plastique pour le recycler en filament et pour réparer ou fabriquer de nouveaux objets grâce à l’impression 3D. La mission se tourne aussi vers le lien social en proposant un espace d’échange et d’accompagnement, l’un des objectifs étant d’accompagner vers le retour à l’emploi. Développé avec le collectif constitué d’Anthony Sedikki, président de l’association Visière Solidaire, le tiers lieu l’Hermitage et Fabricommun, la recyclerie Cycle² porte le projet Manufacture de Territoire de Val de Braye, un prototype de “Mi-Lieu” pour devenir déclinable dans toute région ou tout département et ainsi pour développer un réseau national des recycleries « 2.0 ».
Le Mantra de Yann Marchal : “L’altruisme est un égoïsme qui permet de s’accomplir dans le don de soi.”
Rejoignez le groupe Makers contre le Covid ici, et toutes les infos de la Recyclerie Cycle² sur ce lien.
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
La plupart des grands changements dans le monde commencent par et grâce à une personne. Pourtant personne ne peut TOUT réaliser seul. Mais grâce à l’aide ou au soutien d’un grand nombre de nouvelles personnes, de grandes idées peuvent naître et tout faire changer ! Dans la culture Maker, les élans de solidarité et de partage peuvent donner vie à des projets incroyables. Voici l’incroyable histoire de Visière Solidaire et de son fondateur, Anthony Seddiki, un jeune papa de 36 ans qui, grâce à son envie de vouloir aider les autres, a mis en place un grand réseau international de production distribuée. Visière Solidaire, c’est un collectif et une association de plus de 5000 makers bénévoles, éparpillés dans toute la France et qui, durant le confinement, ont décidé de faire bouger les choses. Afin de lutter contre la pandémie, ensemble, ils ont placé leurs ressources en commun pour fabriquer en impression 3D puis distribuer gratuitement plus d’un million de visières de protection en direction des soignants et des personnes exposés.
Rencontre avec Anthony Seddiki, le fondateur au grand cœur de Visière Solidaire:
Il y a tout juste un an, Anthony était encore formateur et support technique dans une industrie d’emballage dans l’Essonne. Sur son temps libre, ce passionné de moto aimait modeler, créer et réparer à sa façon des pièces spécifiques grâce à son imprimante 3D. Jusqu’au jour où la pandémie de la Covid-19 interpella sa curiosité.
Dans un souci de réactivité, des makers, des artisans et des entrepreneurs se sont mobilisés pour décentraliser les commandes. Grâce à l’envoi des fichiers chez les différents acteurs bénévoles, l’impact fut immédiat sur la rapidité de fabrication, la logistique et les livraisons.
Anthony Seddiki : “C’était complètement fou ! Les machines, les imprimantes 3D fonctionnaient quasiment jour et nuit. Beaucoup comme moi se sont énormément investis. Nous oublions l’urgence et la fatigue lorsque nous livrons les visières au personnel soignant. Ce sont de grands moments magiques qui resteront gravés dans nos cœurs. Il y a eu tellement d’énergie, de partage, de solidarité que les émotions en étaient palpables. J’ai reçu de nombreux messages très touchants de reconnaissance comme celui du responsable des urgences de l’Hôpital d’Evry.”
Une visière qui élargit les perspectives
Le jeune papa néo-maker, loin d’imaginer ce qu’allait déclencher un simple post, s’est vite investi à 200% pour profiter de la belle dynamique développée pour aller plus loin. En créant en quelques jours l’association Visière Solidaire, Anthony a pu faire des appels aux dons pour récolter des fonds par les entreprises et les institutions. Des municipalités et des départements sont venus en aide pour organiser des collectes. Des acteurs associatifs et indutriels ont vite répondu présents, comme Istem de la galaxie Téléthon (Sous l’impulsion de Marc Peschanski) – un partenaire de la première heure, et un plasturgiste Microplast. Puis les grands groupes comme L’Oréal, Total ou Amazon, tous séduits par la démarche et la réactivité de l’association, sont arrivés en renfort pour soutenir ces acteurs solidaires, et ainsi optimiser et faciliter la fabrication des visières.
“Faire ce que doit !’’ le Mantra d’Anthony et de Visière Solidaire.
Quand on interroge Anthony sur le succès de cette fabuleuse histoire : « Prendre conscience, c’est bien, mais agir, c’est mieux ! Nous avons réussi grâce à beaucoup de courage et de ténacité. Cette aventure n’aurait jamais pu se réaliser sans la générosité et l’esprit fédérateur de la communauté des Makers. »
Le développement de la production distribuée avec VS Project
« En Mars 2020, j’étais en arrêt maladie, quand il a fallu reprendre le boulot, j’étais face à un immense dilemme : reprendre ma vie d’avant ou suivre mes convictions. J’ai dû faire un choix crucial. Je ne pouvais pas abandonner le projet Visière Solidaire. J’ai démissionné sans hésiter pour rester 100% actif dans l’incroyable collectif que nous avions créé. Côté professionnel, rien n’était anticipé et réfléchi sur le coup. Mais très rapidement et naturellement, j’ai racheté une société spécialisée dans les imprimantes 3D. » Pour continuer cette épopée incroyable, Anthony fonde la société VS Projects et crée la marque d’imprimante 3D cosmyx3d, équipée d’un parc d’imprimantes 3D fabriqué sur place – Made In France – où il développe la production distribuée. Ces machines sont connectées en réseau, ce qui leur apporte la résilience et l’autonomie suffisantes pour produire en cas d’urgence. L’association produit en moyenne 2 500 visières par jour !
Un impact direct pour Visière Solidaire
Visière Solidaire, bénéficiant des retombées de VS Project, développe aujourd’hui une aide humanitaire nationale et internationale – comme des dons de jouets pour les enfants dans les hôpitaux, l’AFM-Téléthon ou encore la Ligue nationale contre le Cancer, dont le Président Axel Kahn est devenu Président d’honneur de l’association Visière Solidaire. Anthony nous précise aussi : “Nous avons reçu dès le départ le soutien de Denis Peschanski, Directeur du CNRS, qui rédigeait nos newsletters !’’
Grâce à son dévouement, sa capacité à mobiliser et à l’effervescence créée autour du projet comme de l’aide solidaire apportée, Anthony a obtenu un courrier de remerciement de Direction générale des Armées (DGA) et une médaille de l’hôpital des Armées de Béjin. Tout ému Anthony nous raconte : “J’ai fait ce qu’il fallait au moment où il le fallait. Les makers sont arrivés et nous sommes près de 10 000 héros dans cette aventure incroyable.”
Quelle est maintenant le nouveau champ de vision de Visière Solidaire ?
Anthony Seddiki : “ L’association a pu aider plus d’un million de personnes à qui nous avons pu apporter un peu plus de protection. Au cours de ces semaines, nous avons pu apprendre beaucoup quant aux attentes de chacun, tant des makers, des industries, des instances publiques que de ceux à qui nous apportons notre aide. Durant cette période, certains d’entre nous se sont mis à parler de l’après et de ce que nous pourrions faire pour proposer un modèle économique viable, pour que cet état d’esprit et cette faculté d’adaptation perdurent.
L’intelligence collective, l’open-source et le co-développement sont de véritables ressources pour agir et réagir en situation d’urgence. Nous souhaitons que cette approche systémique puisse devenir réplicable facilement. Nous avons eu l’idée de créer des fermes d’imprimantes 3D, soit de micros unités de production connectées en réseau. Qu’il s’agisse de combattre l’obsolescence, de recycler les chutes ou de privilégier le cycle court comme le permet la structure en réseau, ce type d’approche permet la réactivité et la rapidité optimum pour répondre à certains besoins ou urgence, tout en ayant une empreinte carbone minimum.
De plus, nous pourrions répondre à des problématiques locales de nombreux secteurs comme la santé et le soin, le handicap, le monde scolaire, mais aussi les besoins de la maison comme ceux des entreprises ou des administrations. À partir de ces données, notre réflexion porte sur le développement d’une économie sociale et solidaire qui saurait trouver son équilibre économique dans cette combinaison.”
Artistiquement votre…
Compte tenu du champ des possibles que propose la production open-source et la production distribuée, un nouveau sillage se dessine déjà dans l’univers artistique. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est également rapprochée de Visière Solidaire pour développer le lien entre l’art et l’aide solidaire. Le projet consiste à réaliser des prothèses de bras et de jambes qui seront peintes par des artistes pour financer les associations.
Un modèle de décentralisation de l’économie Sociale et Solidaire
Après une année écoulée, Visière Solidaire apporte une véritable preuve de concept pour valoriser et renforcer les modèles économiques des entreprises de l’ESS. Pour explorer ces nouveaux fonctionnements, depuis janvier 2021, Anthony développe un tiers-lieu ‘Val Solidaire’ dans une zone de quartier prioritaire à Epinay-sous-Sénart (91). Une aventure à suivre de prêt pour vous inspirer au monde de demain !
Vous souhaitez aider et soutenir cette belle démarche solidaire rendez)-vous sur le lien suivant : https://visieresolidaire.com/
Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker
« Vivre ensemble », qu’est-ce que ça veut dire pour vous ? Pour la très grande majorité des Français, c’est souvent simplement synonyme des années étudiantes en colocation, de croiser son voisin dans l’escalier une fois par jour, de participer à une assemblée générale une fois par an et, pour les plus valeureux, organiser un apéro à l’occasion de la Fête des Voisins chaque 21 juin.
Mais pour une poignée de pionniers en pleine ébullition, le « vivre ensemble » va plus loin et entraine des changements de vie complets, qui donnent un nouveau sens au quotidien.
A l’occasion du lancement de l’appel à projets makers « Habitons ensemble ! » organisé par Maker Faire France en partenariat avec AG2R La Mondiale, KissKissBankBank, Leroy Merlin Source, Labhidouille, Familles Solidaires et Fondation Leroy Merlin, nous sommes partis à la rencontre des adeptes de l’habitat participatif et inclusif.
Modèle bien connu de certains pays d’Europe comme l’Allemagne ou les pays du Nord, l’habitat participatif se développe en France depuis la fin des années 1960, et à vitesse rapide depuis 15 ans. Sur le papier, l’idée est simple : des habitants partagent des espaces communs comme la buanderie, la cuisine, l’atelier, le jardin ou encore la salle de sport.
Appelé aussi habitat coopératif ou même auto-promotion, les habitants se rencontrent et conçoivent leur habitat avant l’emménagement. Des réunions ont lieu avec les promoteurs immobiliers et entre habitants pour façonner un logement qui répond aux attentes communes et individuelles. Les habitants optant pour ce type de lieu sont souvent portés par des valeurs communes liées à l’écologie et au partage. Une charte de vie commune est mise en place.
Plus de 1000 écolieux existent en France, mais le référencement est loin d’être exhaustif !
Ces coopératives d’habitants, inspirées également par les valeurs du mouvement hippie des années 1970, font la part belle au faire soi-même, avec des expérimentations passionnantes autour de l’auto-construction et de la recherche d’autonomie alimentaire et énergétique. Low tech, permaculture, construction passive bois et terre-paille sont quelques-uns des nombreux savoirs-faires partagés entre habitants.
De nombreux oasis du mouvement Colibri ont donné naissance à des centaines d’écolieux, hameaux et habitats autogérés comme l’éco hameau du Plessis ou le célèbre Hameau des Buis. Et les réseaux et projets indépendants se multiplient partout en France, comme le collectif de La Suite du Monde ou la poétique Vallée Suspendue. L’Ardèche, la Bretagne et les Cévennes sont les territoires les plus dynamiques.
Dans l’habitat inclusif, le logement est cette fois occupé par des personnes en situation sociale fragilisée. Plutôt que de devoir dépendre entièrement d’aidants – souvent le cercle familial très impliqué au quotidien – ou de rejoindre des structures très denses comme les EPDHAD ou les maisons spécialisées, la colocation entre 4 et 8 personnes dépendantes permet de coordonner la présence en continue d’auxiliaires de vie, de partager les frais de vie, mais aussi de concevoir un logement sur-mesure qui répond aux besoins.
Personnes sans domicile fixe, âgées ou seules en situation de précarité sont également concernées.
Là encore, la rencontre entre habitants se fait plusieurs mois avant l’emménagement, accompagnée par des structures associatives comme Familles Solidaires. Un nouveau métier lié à l’habitat participatif et inclusif a même fait son apparition : celui de maitre d’usage. Véritable designer du vivre ensemble, il accompagne les habitants dans la conception de leur quotidien à plusieurs.
Une centaine d’habitats inclusifs sont actuellement en fonctionnement et près de 600 nouveaux projets devraient éclore dans les deux prochaines années, suite à la publication du rapport Piveteau Wolfrom.
Ils sont partout ! Les fablabs, ateliers partagés, font bien sûr partie intégrante de nombreux projets d’habitats. Le partage des machines et des outils permet aussi de partager les savoirs-faires et les idées, pour fabriquer ensemble des objets sur-mesure qui améliorent l’habitat au quotidien.
Au Labhidouille, le fablab de l’association Familles Solidaires à Mulhouse, les projets fleurissent pour aider les habitants, notamment en domotique. Le dernier projet maker en date ? Un miroir inclusif pour les personnes ayant un trouble cognitif.
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