Les low tech, on en parle beaucoup mais rares sont ceux qui concrètement ont sauté le pas et les utilisent au quotidien. A Concarneau en Bretagne, l’équipe d’irréductibles défenseurs des low tech de l’association Low Tech Lab, fait avancer le mouvement d’années en années, en documentant, diffusant et expérimentant.

Début 2019, deux membres de l’association, Clément Chabot et Pierre-Alain Lévêque, décident de construire une petite maison low tech et d’y vivre pendant un an, pour tester en situation réelle l’utilisation des low tech dans l’habitat. 

 

L’idée ? Tester la validité des solutions low tech, parfois décriées comme trop “fantaisistes”, et analyser leur impact dans l’habitat. Cette expérimentation a depuis fait boule de neige pour donner naissance à des projets d’intégration des low tech dans l’habitat en dur.

Un habitat low tech, à quoi ça ressemble ?

La petite maison est équipée de 12 low tech, qui répondent à la définition suivante : “des techniques et un art de vivre qui s’appuient sur des systèmes utiles, accessibles et durables”. « Utiles », parce qu’elles répondent aux besoins essentiels, « accessibles » parce qu’elles sont faites de matériaux locaux et robustes, « durables » parce qu’elles évoluent dans le temps et sont compatibles avec une utilisation au long terme sur la planète.

Faisons un petit tour du propriétaire. Côté chauffage, le capteur à air chaud permet de réchauffer l’air qui entre dans la maison, le poêle de masse permet d’accumuler la chaleur sans avoir besoin de radiateurs et le chauffe-eau solaire permet de chauffer l’eau grâce au soleil.

Dans la cuisine, le garde-manger remplace le frigo, la marmite norvégienne réduit les temps de cuisson, le bokashi permet de composter les aliments très rapidement et le filtre à eau permet de boire l’eau de pluie.

Dans la salle de bain, les toilettes sèches permettent de remplacer l’eau par de la sciure de bois et de générer du compost, la douche à recyclage permet de réutiliser l’eau en circuit fermé.

La gestion de l’eau de la maison se fait grâce à un récupérateur d’eau, qui permet de collecter la pluie pour une utilisation dans la cuisine ou la salle de bain. La phytoépuration permet ensuite d’assainir les eaux usées grâce à des plantes filtrantes à l’extérieur de la maison.

Côté électricité, les panneaux photovoltaïques transforment les rayons du soleil en énergie électrique, pour les ampoules, ordinateurs et téléphones des habitants. 

Et concrètement, est-ce que ça marche ?

Lorsqu’on interroge Clément sur sa vie dans la petite maison low tech, il évoque le plaisir d’y vivre au quotidien, et également le changement de posture positif qui en découle. A l’issue de l’expérimentation, il a d’ailleurs prolongé son séjour pendant plusieurs mois. Un signe de plus que les low tech dans l’habitat fonctionnent.

Souvent présentées d’abord sous l’angle de la technique ou de l’invention Do It Yourself ingénieuse, les low tech sont en fait avant tout une démarche. Une bascule de mode vie s’opère, puisque l’habitat low tech fait vivre au rythme des saisons. Lorsqu’il pleut davantage, le récupérateur d’eau fait le plein. Lorsqu’il fait beau, les panneaux photovoltaïques se rechargent. Au-delà de l’invention, les low tech entraînent spontanément un mode de vie plus doux, et une attention nouvelle portée à la nature chaque jour. Ceux qui prennent soin de leur jardin le savent, c’est une façon idéale d’être présent et apaisé.

La diffusion des low tech avance dans l’habitat

La connaissance des low tech et surtout l’envie de les adopter augmentent d’années en années en France. Le mot est de plus en plus connu, et l’intérêt est bien présent.

Les ateliers participatifs et chantiers se multiplient pour apprendre à fabriquer par exemple son propre chauffe-eau solaire ou son poêle de masse. L’adoption des low tech s’intègre souvent dans une recherche plus globale d’autonomie et d’écologie. 

En Normandie par exemple, Neoloco est le premier artisan-boulanger à faire cuire son pain grâce à un concentrateur solaire. Dans les Pays de la Loire, Apala et Enerlog mènent des actions de sensibilisation pour un mode de vie soutenable. En Bretagne, deux chantiers de grande ampleur débutent dans les prochains mois, pour transformer des bâtiments d’entreprise et un lycée professionnel.

Pour mener à bien ce type de projet, les low tech sont pensées au sein du cycle de vie complet du bâtiment. Une étude préalable est indispensable pour analyser les points faibles de l’habitat et anticiper les effets rebond. La mise en place des low tech appuient sur ces points faibles, pour créer un véritable impact, et éviter le risque de “low tech washing”. La fin de vie des équipements est aussi prévue dès le début du chantier.

Les initiatives locales se multiplient, soutenues par les acteurs historiques du secteur. A Grenoble, Boulogne-Billancourt, Marseille, Rennes ou Tours, ateliers et expérimentations prennent place, menés par des citoyens makers et engagés.

Et vous, quelle low tech allez-vous tester à la maison ?

Pour aller plus loin : 

 

rédigé par Mathilde Berchon

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