« Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est en imprimant qu’on devient impressionnant ! »

Ce sont les mots de Yann Marchal, le FABuleux fondateur du groupe Facebook Makers contre le Covid. D’une nature timide, ce maker ingénieux ne manque pas d’humour, encore moins d’humilité. Rappelons quelques chiffres, Makers contre le Covid a rassemblé plus de 15 000 makers pendant la crise pandémique! Ensemble, ils ont gratuitement distribué, au personnel soignant français comme à de nombreux citoyens, plus de 800 000 visières !

Yann Marchal

Makers contre le Covid : Mener une action solidaire puis la partager

Yann Marchal est un véritable porteur de projet bénévole. Il a à son actif un savoir-faire de dessinateur industriel, étalé sur 10 ans. Ancien membre du Vendôme atelier numérique en tant que référant 3D et fondateur de la Recyclerie Cycle² à Bessé-sur-Braye, l’imprimante 3D n’a plus de secret pour lui. ‘Je suis un self-made Man’ nous indique le papa tout juste devenu quadragénaire. 🙂 Non dépourvu de bon sens et encore moins de bienveillance, Yann compte parmi les acteurs pionniers de l’économie relocalisée ou de la fabrication distribuée (tout comme Visière Solidaire).

Inutile de rappeler la stupeur générale déclenchée le 16 mars 2020, par l’annonce du confinement. Alors que nous étions pour la plupart dans l’inconnu, impuissants et cloîtrés entre nos quatre murs, Yann Marchal était quant à lui déterminé à passer à l’action. Il a de suite lancé un appel sur les réseaux sociaux, a créé un groupe Facebook – Makers contre le COVID – dans l’espoir de rassembler toutes les personnes équipées d’imprimante 3D. Son objectif : FABriquer pour pallier le manque d’équipement de protection… 

« Une amie polyhandicapée, craignant l’arrivée du virus, m’a appelé pour fabriquer quelque chose pour la protéger contre la propagation du virus. Grâce à mon imprimante 3D, je peux tout fabriquer ! Alors, nous avons commencé à cogiter à quoi faire et comment ? Notre première réflexion s’est avant tout portée sur un masque de protection. C’est à partir d’ici que m’est venue l’idée de fédérer des makers dans un groupe, afin de pouvoir aider le plus grand nombre et mettre en sécurité les gens. Ce groupe nous permettait également de coordonner les actions rapidement et localement. Je souhaitais rassembler des forces de conception et de production pour les mettre à disposition des gens qui en avaient besoin. Le 16 mars, j’ai lancé un appel sur Facebook pour appeler les Makers à s’unir autour d’une action collective pour lutter contre le virus. Et on s’est vite penché sur la faisabilité et la fabrication d’équipements de protection individuelle comme des masques, ou des visières, qu’on ne pouvait pas se procurer à l’époque ! En moins de 24 heures, c’est plus de 500 makers bénévoles à travers la France qui ont rejoint le groupe. » m’explique Yann. – L’enthousiasme a lui aussi le pouvoir de se propager ! Sus au virus !

Modèle de connecteur « Martine » / transformer un masque Décathlon en masque à oxygène avec poche © Makers contre le Covid 37

En à peine quelques heures, après l’annonce du confinement, c’est un véritable réseau national qui s’est mis en place, regroupant de nombreuses initiatives réparties sur différentes plateformes, telle que Discord.  Une communauté de Makers, de citoyens bénévoles, de fablabs, de PME, de laboratoires publics s’est vite constituée, rejointe par des Youtubers influents comme Monsieur Bidouille ! Chacun souhaitait agir bénévolement pour apporter son aide, son soutien et bien évidemment de la fabrication à gogo !

Open badge Covid buster

Bien plus qu’un dispositif de protection contre le virus…

« Nous avons créé une galaxie de Makers imminente avec l’arrivée de Monsieur Bidouille, du Réseau Français des Fablabs et de Fabricommun ! Nous avons démarré avec la fabrication de masques, puis de visières de façon autonome, il fallait faire face à la pénurie du moment. Combattre un virus, c’est bien… Apprendre à connaître ses ennemis, c’est mieux ! Nous avons ensuite mené rapidement, et dans l’urgence, de grandes réflexions pour pallier plus efficacement le manque d’équipements de protection dans les hôpitaux : visières de protection, connecteurs pour les dispositifs de ventilation, pousse-seringues, systèmes anti-contamination pour ouvrir les portes. Et puis, le fabricant d’imprimante 3D PRUSA sort un modèle open-source de visières (modèle RC2). Grâce à cette nouvelle initiative, chaque maker bénévole pouvait déployer sa production et fournir gratuitement ces dispositifs de protection aux soignants autour de chez eux.»

La force de la relocalisation de la production en réseaux distribués

« Lors de la crise sanitaire, la communauté des Makers a démontré qu’elle pouvait être le premier bureau du monde en R&D grâce à sa réactivité, sa souplesse et son inventivité. Nous sommes des millions dans le monde à réfléchir et à mettre en commun nos idées, aucune entreprise n’a cette force ! » explique Yann.

En quelques jours seulement, grâce à ce formidable élan de solidarité, des chaînes de production se sont mises en place, plus de 6000 personnes se sont mobilisées, dont leurs imprimantes 3D tournaient bien souvent 24/24 ! Pour faciliter la production localement, le groupe Makers contre Covid s’est organisé, structuré en petits groupes départementaux / régionaux. Chacun des acteurs bénévoles, équipé d’une imprimante 3D, produisait en masse, tel de véritables micro-usines citoyennes pour répondre aux demandes locales. Bien que rétissants au départ à l’échange monétaire, des cagnottes devenues nécessaires face à l’urgence se sont montées pour fournir les makers en filament. En quelques semaines, le groupe a atteint plus de 15 000 membres actifs répartis en France, en Belgique et en Suisse, déterminés à  enrayer cette pandémie en fournissant plus de 800 000 visières !

« Nous avons créé des dispositifs de distanciation physique – les visières -, en combattant la distanciation sociale. Grâce aux distributions de visières, le personnel hospitalier n’allait plus travailler la peur au ventre.  » souligne Yann.

Un groupe Facebook qui se décline en associations locales

Aujourd’hui, les groupes sont devenus indépendants et ont monté leur propre structure ou association, comme Maker 37, – Bravo les Touran(joies)– mais il y en a des centaines d’autres ! Au-delà de l’impression 3D, ces groupes rassemblent maintenant bien plus que des makers ou des fablabs. La mise en commun des idées et des compétences ont fédéré également de nombreuses compétences et savoir-faire : couturières, chercheurs, ingénieurs, laboratoires publics… « Nous mettons en place des actions puis nous les partageons auprès du plus grand nombre. Depuis ces dernières semaines, nous fabriquons des boîtes pour faciliter la distribution des vaccins. L’aventure n’est pas terminée ! » nous précise joyeusement Yann.

Une recyclerie comme projet

Sur une ancienne friche industrielle de deux hectares à Bessé-sur-Braye, où l’on peut venir acheter du matériel de seconde main, Yann apporte sa petite touche technologique en y développant un fablab et un créalab, accessible aux enfants à partir de 7 ans, pour que chacun puisse venir partager ses idées et laisser parler sa créativité. 

Le créalab de la recyclerie Cycle²

Initialement ouverte à Montoire-sur-le-Loir, la recyclerie cherche aujourd’hui à s’implanter dans un tiers-lieu, la Manufacture de Territoire de Val de Braye. Leur priorité se porte sur l’environnement : Réduire les déchets à travers le réemploi, le l’upcycling de meuble, l’économie circulaire se déploie sous toutes ses formes ! Le plastique sera récupéré en local grâce à des collectes de bouteilles en plastique pour le recycler en filament et pour réparer ou fabriquer de nouveaux objets grâce à l’impression 3D. La mission se tourne aussi vers le lien social en proposant un espace d’échange et d’accompagnement, l’un des objectifs étant d’accompagner vers le retour à l’emploi. Développé avec le collectif constitué d’Anthony Sedikki, président de l’association Visière Solidaire, le tiers lieu l’Hermitage et Fabricommun, la recyclerie Cycle² porte le projet Manufacture de Territoire de Val de Braye, un prototype de “Mi-Lieu” pour devenir déclinable dans toute région ou tout département et ainsi pour développer un réseau national des recycleries « 2.0 ».

Le Mantra de Yann Marchal : “L’altruisme est un égoïsme qui permet de s’accomplir dans le don de soi.”

Rejoignez le groupe Makers contre le Covid ici, et toutes les infos de la Recyclerie Cycle² sur ce lien. 

Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker

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