L’éducation maker prépare au monde de demain

“On apprend toujours seul mais jamais sans les autres”. Cette petite phrase de l’expert en éducation maker Chris Delpierre, co-fondateur de l’entreprise Trézorium, résonne particulièrement à l’occasion de cette rentrée des Makers.

Depuis quelques années, l’état d’esprit du faire entre lentement mais sûrement dans le monde éducatif, à tous les âges de la vie.

Centrée autour de trois grands axes forts, l’éducation maker est synonyme d’autonomie, d’apprentissage par le faire et de faire ensemble.

Redonner le pouvoir de faire

A la différence de l’apprentissage classique qui se fait de façon descendante où le professeur présente un savoir que l’étudiant prend en note de façon passive, l’éducation maker incite à l’action. Ces nouvelles méthodes pédagogiques centrées autour de l’apprentissage par le faire a vocation à donner confiance aux jeunes citoyens et les inspirer à agir sur leur environnement. 

L’étudiant explore de façon concrète la théorie pour faire ses propres découvertes au fur et à mesure de ses expérimentations. Il s’empare des outils, il crée des prototypes, teste différentes possibilités, rebondit de ses erreurs. Apprendre en faisant permet de donner corps aux connaissances et de les faire sienne, tout en s’émancipant.

L’IUT de Longwy au sein de l’Université de Lorraine l’a bien compris. Pour la première fois cette année, une salle entière de l’établissement a été transformée en laboratoire d’apprentissage actif et autonome. Le lab a été entièrement équipé par RS Components, acteur très impliqué en France dans l’éducation maker. La salle de classe s’est ainsi transformée en salle de prototypage de projets pour les étudiants post-bac du département Génie Electrique & Informatique Industriel. 

L’espace est organisé en alcôves chacune équipée d’instruments de mesure et d’outillage (oscilloscope, analyse de spectre, stations de soudage) permettant de réaliser des projets variés en électronique embarquée ou informatique industrielle. Les étudiants se constituent en équipe et ont accès à la salle de façon libre tout au long de l’année pour réaliser leurs projets. L’autonomie et l’apprentissage par le faire sont au cœur de ce module pédagogique. Les enseignants experts sont présents  en soutien sur certains créneaux mais les étudiants gardent une grande liberté pour expérimenter et mener à bien leurs projets.

Emanciper l’étudiant

L’éducation maker a un impact à jouer à chaque temps de la vie. Chez Trézorium, les ateliers makers s’adressent aux jeunes dès 6 ans avec un constat : l’interdisciplinarité de l’école primaire est un atout majeur pour la pédagogie en mode projet. 

Du CM1 à la 5ème, 48 établissements pilote d’Ile-De-France, du Grand Est, de Normandie et d’Occitanie expérimentent depuis trois ans avec Fab Lab à l’école, une initiative consistant à installer gratuitement dans une classe ou un établissement scolaire un équipement et des ressources pédagogiques de création.

Un parc de six machines numériques (une imprimante 3D, une scie à chantourner, une découpeuse vinyle, une machine à coudre, une fraiseuse-graveuse et une boîte de cartes électroniques Micro:bits), des tutoriels vidéos qui expliquent le fonctionnement des machines et les projets qui peuvent être conduits et réalisés avec ces machines et une formation pour les  enseignants sont mis à disposition.

L’éducation maker sort aussi des établissements scolaires.

L’entreprise Fablab en Kit est spécialisée dans l’installation d’espaces de type fablab dans les écoles mais aussi les médiathèques, les collectivités territoriales ou les musées. Un format plébiscité est celui du fablab mobile, qui permet de déplacer les machines facilement en fonction des besoins. La Cité des Géométries de Maubeuge s’est par exemple équipée d’un fablab mobile utilisé à l’occasion du Salon des Jeux Mathématiques, pour apprendre les mathématiques de façon ludique.

Les adultes qui souhaitent continuer de se former ne sont pas en reste. Ateliers collectifs et plateformes de partage de tutoriaux avancent main dans la main pour encourager un apprentissage de pair à pair, où chacun peut à son tour prendre le rôle de sachant ou d’apprenant. 

La plateforme DesignSparks permet par exemple aux étudiants et professionnels de continuer à se former en partageant leurs projets makers, souvent liés à l’électronique et aux machines à commande numérique, tandis que des sites comme OuiAreMakers, les wikis des fablabs partout en France, ou celui du LowTech Lab regorgent de partage de connaissances à partir desquelles construire le monde de demain.

L’éducation maker se positionne ainsi à la rencontre entre une culture du partage de connaissances et de l’ouverture à l’autre, une approche confiante dans la capacité de chacun à apprendre et à faire, et un ensemble d’outils concrets pratiques pour donner vie à la théorie. Tous les éléments sont en place pour continuer de faire entrer l’esprit maker dans le secteur éducatif et prolonger le travail de fond mené par les acteurs du faire.

Par Mathilde Berchon – FuturFab.fr

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